Et si le vrai secret de l’économie marocaine n’était pas seulement dans les grandes réformes ou les gros projets d’infrastructure, mais dans… les connexions entre les gens ? Au Maroc, un simple contact peut tout changer : une discussion autour d’un café, une mise en relation via un groupe en ligne ou encore une rencontre lors d’un événement. C’est souvent de là que naissent de belles histoires professionnelles.
Du carnet d’adresses à l’ère numérique
Au Maroc, les affaires se sont longtemps construites sur les liens familiaux, les connaissances d’école ou les voisinages. Cette logique n’a pas disparu, elle s’est simplement élargie. Aujourd’hui, les plateformes numériques, les groupes en ligne, les forums virtuels donnent une nouvelle dimension aux relations. Selon une enquête publiée en 2023, plus d’un contact professionnel sur deux démarre désormais sur Internet avant de déboucher sur une rencontre physique.
Un jeune entrepreneur de Tanger peut désormais échanger avec un partenaire dakarois sans quitter son bureau, un diplômé fraîchement installé à Agadir peut décrocher un entretien grâce à un membre d’un réseau en ligne. Cette circulation plus rapide brise certaines frontières et libère des énergies. Certes, l’abondance des options peut parfois créer une forme de dispersion, mais dans l’ensemble, cette combinaison entre échanges virtuels et rencontres de terrain apporte au Maroc une flexibilité précieuse, dont le pays manquait encore il y a peu.
Ce changement est particulièrement visible à travers le développement du réseau social professionnel du Maroc.
Un levier pour l’entrepreneuriat et l’emploi
Les données officielles confirment ce ressenti : près d’un quart des entreprises créées trouvent désormais leur origine dans une rencontre au sein d’un réseau professionnel. Mais derrière la statistique, il y a des parcours humains. Des diplômés sans espoir immédiat d’embauche décident de s’associer après une discussion lors d’un forum. Une startup décroche son premier contrat grâce à un ancien camarade d’université devenu décideur dans une grande organisation.
Ces cercles ne servent pas seulement d’accélérateurs de contacts : ils jouent aussi le rôle de mentors collectifs. On y échange des conseils, des retours d’expérience, parfois des avertissements précieux. En quelque sorte, ils amortissent l’incertitude qui freine beaucoup de jeunes talents avant de se lancer. Dans un contexte où le chômage reste élevé et où l’attente de solutions venues d’en haut n’est plus réaliste, ces dynamiques de proximité sont devenues une véritable respiration pour l’économie marocaine.
Réseaux et ouverture africaine
Le Maroc ne regarde pas seulement son marché intérieur. Depuis une dizaine d’années, le pays se positionne comme une passerelle entre l’Afrique et le monde. Et là encore, les réseaux jouent un rôle central. Grâce à eux, des acteurs marocains trouvent plus facilement des relais en Afrique de l’Ouest ou du Centre, pendant que des partenaires étrangers accèdent à ces marchés par le biais de cercles d’affaires nés au Maroc.
Ce qui frappe, c’est le mélange des registres : on a d’un côté des clusters soutenus par les pouvoirs publics, et de l’autre des communautés associatives plus agiles, qui se structurent autour de valeurs partagées. Ensemble, elles construisent une toile relationnelle qui dépasse la simple logique économique.
Certaines critiques rappellent que trop miser sur le relationnel peut brouiller les règles du jeu, limiter la concurrence et donc l’innovation. Mais pour l’instant, les faits montrent l’inverse : sans cette capacité à connecter les entrepreneurs, les investisseurs et les chercheurs, le Maroc aurait bien du mal à affirmer sa place comme hub du continent.